Homélie dominicale du Père Tellis : dimanche des Rameaux

12 avril 2022

DIMANCHE DES RAMEAUX

LUC 22, 14-23,56

 

Aujourd’hui, l’évangile donne un sentiment de confusion et de contradiction. Nous avons un étrange mélange d’émotions et de contraste. Nous avons commencé par un défilé ; cris de « Hosanna », une déclaration de louange et un cri de salut et l’agitation des palmes qui est l’ancien symbole de la victoire et du triomphe. Nous terminons par une marche vers la mort, un cri d’abandon et un dernier souffle.

Aujourd’hui, dans la liturgie, nous aussi, tenons nos palmes et célébrons l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem. D’autre part, l’évangile nous demande de réfléchir sur la passion et la mort de Jésus. Eh bien, que choisir ? Palmes ou passion ? La réponse est oui.« Chaque année, ce jour nous rappelle à nouveau que la réponse est »Oui". C’est à la fois, les palmes et la passion. La liturgie d’aujourd’hui présente les palmes et la passion ensemble parce que c’est la réalité de notre monde, c’est la réalité de nos vies.

La réalité des palmes et de la passion, du triomphe et de la souffrance, nous touche aussi individuellement.

C’est la joie d’un nouveau-né et l’injustice des parents qui abandonnent leur enfant.

C’est un travail actif et réussi et plus tard une retraite de maladie et d’invalidité.

C’est la célébration de la vie et de l’amour dans le mariage et la douleur et la solitude du divorce.

C’est un travail acharné et un dévouement et un jour devient le chômage et rien à faire. Nous avons tous les deux dans nos vies les palmes et la passion. Chacun d’entre nous ici aujourd’hui peut nommer nos palmes et notre passion. Nous sommes à la fois des gens des Rameaux et de passion parce que nous sommes le peuple de Jésus. Jésus aussi avait vécu cette vie.

Généralement, Nous voulons les palmes, mais la passion ? Pas tellement. Nous essayons donc de sécuriser notre petit monde. Nous vivons des « vies trop sécurisées ». Nous avons peur de ce que les autres vont penser ou dire. Nous nous taisons quand la vérité et la justice cherchent une voix. Malgré nos aspirations et nos désirs profonds, nous disons NON à nous-mêmes pour éviter d’entendre quelqu’un d’autre nous dire NON en premier. Nous avons tendance à aimer et à faire uniquement pour les personnes dont nous pensons qu’elles aimeront et feront pour nous. Nous cachons qui nous sommes vraiment pour éviter le rejet ou l’aversion d’un autre. On s’isole pour se rendre invulnérable.

 

Je ne vois pas que Jésus avait une vie sécurisée aujourd’hui quand il entrait a Jérusalem ou tout autre jour de sa vie. Les évangiles ne décrivent jamais Jésus comme isolé. Chaque jour, Il vivait dans la tension des palmes et la passion. Il savait qu’il ne s’agissait pas de choisir entre la vie ou la mort, les palmes ou la passion ; mais de choisir la vie et la mort, les palmes et la passion. C’est la tension de cette journée. Cette tension est toujours un lieu de vulnérabilité.

 

La vulnérabilité est la leçon à tirer de la vie et de la mort de Jésus. C’était l’eau avec laquelle Jésus lava les pieds des disciples. C’était le repas qu’il partageait avec Judas, le traître. C’est l’amour par lequel il a choisi la croix. C’est l’attente de Dieu dans le silence et l’obscurité du tombeau.

La vulnérabilité, cependant, n’est pas simplement une question de circonstances. C’est une question d’authenticité et de fidélité. Il s’agit d’être réel et pleinement vivant. La vulnérabilité de Jésus lui a donné la liberté de vivre, d’aimer et de mourir. C’est ce qui rend Jésus ouvert et présent à chacun de nous, au monde et finalement à la puissance de Dieu. De même, c’est ce qui nous rend ouverts et disponibles les uns aux autres et à Dieu en Christ. C’est ce qui permet l’amour et l’intimité. Cela nous rend réels. Elle anime et sanctifie nos relations. C’est le chemin par lequel nous suivons le Christ.

 

La vulnérabilité a été la porte par laquelle Jésus est entré dans le mystère de cette Semaine Sainte et c’est la porte par laquelle le mystère de cette Semaine Sainte entrera en chacun de nous. Alors rassemblez vos palmes et vos passions, vos triomphes et vos tragédies, vos joies et vos peines, vos rires et vos larmes. Ne laissez rien derrière vous. Tenez-vous dans la tension. Soyez vulnérable. Baissez votre garde. Risquez tout ! Vous n’avez rien à perdre et tout à gagner.