Compte Rendu du Conseil Pastoral de Secteur

21 février 2019

Le Conseil Pastoral de Secteur a voulu apporter la contribution des paroisses de l’Enclave des Papes pour aider notre société à surmonter la crise qu’elle traverse depuis quelques mois. 


Sans se substituer aux politiques, l’Église offre un espace pour faire grandir la fraternité.


Voici les réflexions suscitées par les questions posées.

1 - Après avoir essayé de hiérarchiser les causes principales de ce malaise et des formes qu’il a prises, faites remonter des situations difficiles ou précaires que vous connaissez dans votre environnement !
On associe essentiellement le terme « précaire » à une situation économique difficile, mais en fait notre société est également victime de précarité morale, mentale, spirituelle et intellectuelle. La majorité de la population s’est appauvrie. De plus nous sommes victimes de la société de consommation qui pousse à acquérir tout, tout de suite, sans trop de réflexion quant à la nécessité (vêtements de marque, téléphones, tablettes, abonnements Internet ou chaînes payantes). Tout semble indispensable. L’importance du paraître aggrave la situation et crée ainsi grande frustration pour qui ne peut « être à la hauteur », ou s’endette inconsidérément grâce à la facilité du crédit pour présenter une belle image. La gestion d’un budget n’est pas évidente pour tout le monde. Trop d’assistanat n’encourage pas le travail et entraîne une réelle perte du sens des valeurs. Tout est dû, tout de suite. Si l’on a des droits, on a oublié souvent que l’on a également des devoirs ! La perte du sens des valeurs, le manque de discernement et l’individualisme viennent aggraver le phénomène. Les exemples concrets de situations difficiles ne sont pas toujours visibles car les personnes réellement dans l’embarras, restent discrètes, parfois par honte ou en tous cas par pudeur. Cependant quelques cas ont été évoqués : certains sont condamnés à se déplacer en auto-stop car ils ne disposent pas de moyens suffisants, une femme ayant élevé seule ses enfants se trouve aujourd’hui en situation très difficile sans possibilité de recours aux services sociaux, des retraités avec une faible pension, des familles séparées et recomposées cumulant ainsi les charges de structure : logement, véhicule … courent après la satisfaction des besoins. À cela s’ajoute la précarité intellectuelle : les parents d’enfants rencontrant des difficultés d’apprentissage, trouvent peu d’aide pour monter des dossiers administratifs souvent compliqués. Cette précarité intellectuelle est aggravée par l’omniprésence des réseaux sociaux qui s’imposent comme pensée unique et n’hésitent pas à utiliser la manipulation. Le réel lien social manque au profit du virtuel, et, si divers éléments déclencheurs ont entrainé cette crise, il ressort que ce manque de « vrai » lien est en fait la frustration première !

2 - Quel « bien commun » recherché ensemble pourrait fédérer nos concitoyens et les tourner vers l’avenir ?
Le bien commun pouvant fédérer nos concitoyens n’est certainement pas un bien matériel, mais un bien immatériel. Il est nécessaire de retrouver des valeurs communes pour contrecarrer l’individualisme et redonner le sens de la communauté, faire intégrer la notion d’appartenance à un groupe avec des buts communs, la mise en commun des compétences et moyens. Le covoiturage, la colocation, les jardins partagés, les réseaux d’échange de biens ou de services (S.E.L.), les associations regroupant des professionnels (AMAP, épiceries paysannes, …) s’ils permettent une meilleure gestion économique, sont aussi le moyen de recréer du lien, de valoriser les personnes, leur travail et réapprendre à vivre ensemble. La crise va pousser les personnes à davantage de solidarité, de respect. Ce bien commun est à retrouver en redonnant du lien social par le respect des personnes, mais aussi chacun doit œuvrer au respect de notre environnement…

3 - Quelles raisons d’espérer souhaitez-vous transmettre à vos enfants et petits-enfants ?
Chaque crise vécue permet d’avancer, de modifier des comportements. L’homme peut sortir grandi s’il s’adapte à d’autres fonctionnements. Il est temps de sortir du virtuel et de revenir au naturel ! Le bonheur n’est pas réalisé par le trompeur pouvoir d’achat mais par la simplicité de la vie et les relations chaleureuses familiales, amicales voire professionnelles. Tout homme a une valeur, il s’agit de savoir faire tomber le masque porté pour s’en apercevoir. Il est vraiment important de savoir retrouver le sens de la simplicité et savoir s’émerveiller : « rendre les autres heureux, rend heureux ! ».