Homélie du Père Tellis : mercredi des Cendres

2 mars 2022

Mercredi des Cendres 2022

« Souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras à la poussière. » Ces mots ne sont pas une menace de mort ou un jugement que nous sommes mauvais ou sans valeur. Ces mots nous rappellent notre mortalité. C’est la première étape dans la guérison de nos vies qui ont été déformées et perturbées. C’est le début de la réorganisation de nos vies. Je peux dire qu’il y a eu des moments où nous avons oublié que nous sommes de la poussière. Quelque part sur le chemin de la vie, nous avions oublié cela. Nous avions oublié notre mortalité. Nous avions oublié que nous sommes des humains, une création de Dieu. Que ce soit la peur, l’arrogance, la fierté, l’illusion, l’ignorance, le déni, les blessures et la douleur, les illusions de succès et d’accomplissements, ou mille autres choses, quelque chose se passe et nous oublions. Nous oublions que nous sommes poussière et à la poussière nous retournerons.

Le mercredi des Cendres interrompt le cycle de l’oubli. Il déclare que ça suffit. Il existe un autre moyen. « Souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras à la poussière. » J’entends ces mots avec un sentiment de soulagement. Je suis réconforté d’être marqué par les cendres de la mortalité. Ces cendres et ces paroles nous ramènent à nous-mêmes pour que nous retournions à Dieu. Nous sommes libres de vivre autrement. Nous sommes encouragés à réfléchir honnêtement sur nos vies. Nous sommes habilités à changer et à aller dans une direction différente. Jésus dit que c’est le lieu secret, où nous nous souvenons que nous sommes poussière. Nous commençons à voir notre identité, qui nous sommes, qui nous sommes en Dieu. « Tu retourneras en poussière » n’est pas une menace ou une punition de Dieu. Et ce n’est pas simplement une déclaration sur la décomposition corporelle après la mort. C’est une déclaration de la fidélité et de l’amour de Dieu envers nous. C’est la promesse de la vie ressuscitée. Le mercredi des Cendres tient cette vérité devant nous.

Aujourd’hui, nous ne sommes pas seulement confrontés à notre mortalité, nous nous marquons avec les cendres de la mortalité. Pensez à ce que nous faisons. Les cendres de cette année étaient les palmes de l’année dernière. Nous les avons portés l’année dernière le dimanche des Rameaux. Ils étaient autrefois verts et souples, signe de vie et de victoire. Ensuite, ils sont devenus secs et cassants. Aujourd’hui, ce sont des cendres et des restes du feu du changement.

Il ne s’agit pas seulement de la liturgie, il s’agit de nos vies. C’est le rappel que nos réalisations et nos succès passés s’estomperont et deviendront des cendres. Selon les paroles de Jésus, ces trésors terrestres seront consumés par la rouille, mangés par les mites et volés par les voleurs. Les palmes d’hier sont les cendres d’aujourd’hui. Les cendres de notre mortalité ne sont cependant pas la fin. Ils sont le début d’une nouvelle histoire et la voie à suivre. Ils nous ouvrent à la vie de Dieu, une vie que les autres ne peuvent pas nous donner et que nous ne pouvons pas nous donner. Oui, nous sommes poussière et à la poussière nous retournerons. C’est certain. Mais rappelez-vous que Jésus s’est sali les mains avec notre humanité, avec nos péchés et nos échecs. Nous avons été créés de la poussière de la terre pour être transformés par le souffle vivifiant, l’amour, la justice et le pardon de Dieu.

Le Carême n’est pas le voyage du mal au bien, ou du pécheur au saint. C’est le chemin du retour à soi et du retour à la maison. Que ce temps de Carême soit un temps pour revivre et se renouveler et ainsi grandir en Sainteté !