Homélie du Père Tellis : 2e dimanche du temps ordinaire

16 janvier 2022

2EME SEMAINE DU TEMPS ORDINAIRE

JEAN 2:1-11

 

« Ils n’ont pas de vin. »

Avec ces mots, Marie dit une vérité sur nos vies. Une vérité que nous vivons tous à un moment donné. Il arrive un jour où le vin cède. Le verre est vide. La fête est finie. Ce jour-là, la vie semble vide et sèche. Il n’y a pas de dynamisme ou de vitalité. Rien ne pousse ou ne fermente en nous. Notre monde est incolore et insipide. Le bouquet de la vie est absent et nous vivons moins que pleinement vivants.

Les paroles de Marie portent devant nous de sérieuses questions et interrogations. Où a coulé le vin de notre vie ? Quelles relations se sont taries ? Quelles parties de nous restent vides ?. Chacun de nous pourrait raconter une histoire sur le jour où le vin a cédé. Il peut s’agir de la mort d’un être cher ou de la perte d’une amitié ou d’un mariage. Certains parleront de leur recherche d’amour et d’acceptation. Certains décriront leur soif de sens et de signification. D’autres parleront de leur culpabilité, de leurs déceptions ou de leurs regrets. Beaucoup d’histoires parleront de peur. Les histoires d’échec et de doute de soi abondent dans nos vies. Certains décriront un désir pour quelque chose qu’ils ne peuvent pas nommer ou décrire. L’histoire de la prière, des doutes ou des questions sans réponse est connue de la plupart. Cependant, ce ne sont pas toutes des histoires du passé. Certains d’entre nous vivent ces histoires aujourd’hui.

 

Derrière chacune de nos histoires se cache l’espoir et le désir d’un mariage de notre vie. Nous venons aux noces de Cana non pas simplement en tant qu’invités et spectateurs, mais en tant que participants, en tant que futurs mariés, recherchant l’union, l’intimité et la plénitude.

 

Malgré tous nos efforts, nos bonnes intentions et notre travail acharné, cependant, il semble que le vin de notre vie fléchit toujours. Peu importe combien de fois nous le remplissons, notre verre reste vide. Il n’y a jamais assez de vin. Au fil des jours, nous prenons de plus en plus conscience que nous ne pouvons pas reconstituer le vin avec nos propres ressources.

 

Ce jour semble être un désastre, une gêne, un échec. Cela aurait été le cas pour les mariés lors des noces de Cana. « Ils n’ont pas de vin », dit Marie à Jésus. Ce n’est pas une condamnation ou un jugement mais simplement un constat.

 

Il ne s’agit pas du vin mais des gens. C’est une déclaration sur la condition humaine. Il s’agit de vous et de moi autant que des noces de Cana de Galilée. C’est, si vous me permettez le jeu de mots, une condition spirituelle. Il s’agit de notre vie intérieure. Il s’agit de notre manière d’être, plus que des circonstances extérieures à nous.

 

Trop souvent, nous vivons avec l’illusion de notre propre autosuffisance. Cette illusion est brisée le jour où le vin s’épuise et les pots de notre vie restent vides et secs. Nous sommes les destinataires et non les créateurs de notre vie. Nous n’avons jamais été destinés à vivre de la suffisance de nos propres ressources. Le Christ est le vrai vigneron et le principal intendant de nos vies.

 

Peu importe ce que nous ressentons ou ce que nous en pensons, le jour où le vin vient à manquer est le début d’un miracle. Le Christ ne remplit pas simplement nos verres. Il transforme nos vies, transformant l’eau en vin. C’est, après tout, le troisième jour, le jour de la résurrection et de la nouvelle vie. Ce qui était incolore est maintenant rouge vif. Ce qui n’avait pas de goût maintenant picote la langue. Ce qui n’avait pas de parfum a maintenant un bouquet plein. Ce qui n’avait pas de vie est maintenant en train de fermenter, actif et vivant.

 

Le troisième jour, nos vies sont remplies à ras bord du bon vin ; nous enivrant de la vie de Dieu, nous enivrant du sang de Christ et nous laissant sous l’influence du Saint-Esprit. C’est le miracle de Cana et cela n’a jamais cessé de se produire. A chaque instant de chaque jour, le Christ se déverse dans les jarres vides de notre vie. Il est le bon vin ; extravagant, abondant, sans fin.

 

Chaque fois que du bon vin est versé, nos vies sont changées et transformées. Je ne peux pas vous dire comment cela se passe. Je ne sais pas comment ça se passe. Je sais seulement que cela arrive. J’ai goûté le bon vin. J’ai vécu le miracle de Cana dans ma vie et je l’ai vu dans la vie des autres.

 

J’ai vécu des moments où la mort se transforme en vie, le chagrin en joie et le désespoir en espoir. J’ai vu cela arriver dans la vie des autres. J’ai été surpris par la peur qui s’est transformée en courage et j’ai vu des gens faire des choses qu’ils n’auraient jamais cru possibles. J’ai vu des vies vides se remplir à nouveau. Je connais des mariages brisés qui sont devenus vibrants et vivifiants.

 

Ces vies et mille autres sont les miracles de Cana. Ce sont des moments où la gloire de Christ est révélée et nous sommes illuminés, brillants du rayonnement de sa gloire. Sa gloire devient la nôtre, deux vies une gloire.

 

Marie a dit « Ils n’ont pas de vin ». Mais ils le feront. Le miracle commence toujours quand le vin cède.