Homélie du troisième dimanche de l’Avent

16 janvier 2022

LE TROISIEME DIMANCHE DE L’AVENT

LUC 3 : 10-18

 

« Que devons-nous faire alors ? » Cette question est au centre de l’évangile d’aujourd’hui. Cette question est posée trois fois à saint Jean. Les foules le demandent. Les percepteurs le demandent. Les soldats le demandent. C’est une question que beaucoup d’entre nous se posent ces jours-ci.

Combien d’entre vous ont posé cette question en regardant le monde aujourd’hui ? Ma conjecture est que la plupart d’entre nous ont.

Combien d’entre vous ont eu des circonstances dans leur vie personnelle ou dans leurs relations qui vous ont poussé à vous poser cette question ? Je soupçonne que nous l’avons tous fait.

Nous ne connaissons que trop bien cette question. C’est la question que l’on se pose quand la vie est compliquée et difficile, et que le monde est devenu fou. Alors laissez-moi vous demander ceci. Qu’y a-t-il derrière cette question ? De quoi s’agit-il vraiment ? Je pense que c’est plus qu’une demande d’information. Je ne pense pas que les gens disent : « Dites-moi quoi faire. Me donner une réponse." Je pense que cette question pointe et révèle notre sentiment d’impuissance. Quand je t’entends poser cette question, quand je m’entends poser cette question, je nous entends dire que nous nous sommes heurtés à quelque chose de plus grand que nous. Nous sommes effrayés et débordés. La vie est hors de contrôle. Nous nous sentons impuissants à régler la situation.

Voici pourquoi je dis cela. La plupart du temps, nous savons quoi faire. Chaque jour, nous prenons des centaines de décisions, grandes, petites, importantes, sans importance, qui changent la vie, certaines avec des conséquences durables et d’autres avec un effet temporaire. Pensez à toutes les décisions que vous avez prises depuis le moment où vous vous êtes levé ce matin jusqu’à ce moment. Vous saviez quoi faire. Je ne dis pas que nous avons toujours raison, mais que nous savons généralement quoi faire. Mais lorsque notre monde est bouleversé, lorsque la vie semble être plus que ce que nous pouvons supporter, lorsque nous nous sentons impuissants, c’est à ce moment-là que nous crions : « Que devrions-nous faire ? » Si cette question vient d’un endroit profond à l’intérieur, alors notre réponse doit également venir de ce même endroit profond. Notre réponse à cette question ne doit pas commencer par ce qui se passe autour de nous, mais par ce qui se passe en nous. Cela doit commencer par notre sentiment d’impuissance.

L’impuissance est le juste milieu entre le combat et la fuite. Nous sommes impuissants à combattre les situations de la vie à nos conditions et nous sommes impuissants à nous en éloigner. C’est la source d’une grande partie de notre peur, de notre anxiété, de notre colère et de notre frustration. Cette même impuissance, cependant, est notre voie à suivre. Notre impuissance nous ouvre à une nouvelle et différente source d’autonomisation. Au lieu de limiter les possibilités, notre impuissance crée maintenant de nouvelles possibilités avec « celui qui est le plus puissant ». L’impuissance ne signifie pas que nous n’avons pas de choix, cela signifie que nous devons faire des choix différents. Nous pouvons être impuissants à changer le monde, mais nous pouvons choisir de changer nous-mêmes. Nous pouvons être impuissants à échapper au monde, mais nous pouvons choisir de vivre différemment.

N’est-ce pas ce que saint Jean dit à ceux qui viennent à lui ? Il ne leur demande pas de changer le monde mais de se changer eux-mêmes. Il ne leur dit pas de quitter leur emploi mais de vivre une vie différente. Les foules qui venaient à lui ne pouvaient pas éliminer la pauvreté, mais elles pouvaient partager ce qu’elles avaient avec le froid et la faim. Les percepteurs qui venaient à lui ne pouvaient pas réviser le code des impôts, mais ils pouvaient être honnêtes. Les soldats qui venaient à lui ne pouvaient pas mettre fin à l’occupation romaine, mais ils pouvaient agir avec intégrité et ne pas abuser de leur pouvoir. Dans chacune de ces situations, John se concentre sur les personnes et les relations. Ses réponses sont simples, concrètes, pratiques.

Pour ceux qui veulent que le monde soit réglé, les réponses de Jean ne sont pas très satisfaisantes. La pauvreté persiste, des systèmes économiques injustes existent toujours et le pouvoir est toujours abusé. Mais soyons honnêtes, Jésus n’a pas vraiment réparé le monde non plus. Il s’est engagé et s’est donné au monde une personne, une relation et un moment à la fois. Il aimait le monde à mort et au-delà. Il a montré une autre manière d’être, une autre manière de vivre et de se relier, il a proposé différentes priorités et valeurs, puis nous a invités à participer et à le suivre. En faisant tout cela, il nous a montré ce que cela signifie et ce que cela ressemble d’être humain, d’être la demeure de Dieu. Que faire alors ? Cela ne surprendra probablement pas certains d’entre vous, mais je ne peux pas vous le dire. Je ne peux pas répondre à cette question pour vous. C’est votre question à poser et à vous d’y répondre.

La semaine dernière, Jean-Baptiste appelait au repentir d’une voix menaçante. « Vous, couvée de vipères, vous, fils de serpents. Je ne veux pas entendre parler d’Abraham. Je me fiche de qui est ton père. Je veux que tu fasses quelque chose. Il ne veut pas d’excuses, il veut de l’action. « Portez des fruits dignes de la repentance », dit-il. Faisons les actes qui sont des actes de repentance simples, concrets, pratiques. Chaque acte naît de l’impuissance. Ils ne peuvent pas changer ou réparer le monde, mais ils continuent de tenir la porte ouverte à la venue de « celui qui est le plus puissant ».